Livre 6 - Rap Soties Blues

Titre 2 - Les armatures du temps
Toumaï

Au pays de l'humanité

il y avait un quadrupède

qui marchait sur ses deux pieds

hé bien oui c'était le pèreIl y avait une nana

pas plus haute qu'un rosier

une fleur noire dans la savane

hé bien oui c'était la mère

Ils cueillaient des baies de sureau

ce n'étaient plus des bonobos

pas encore les bobos gogos

qui mettraient les singes au poteau

Ils nous ont donné

sept millions d'années

pour améliorer

On a appris que les cailloux

pouvaient engendrer le feu

devenir un peu marteaux

et même se prendre pour des flèches

On a appris que les arbres

pouvaient s'appeler maison

avec un garde-manger

et enfanter des guitares

On a appris que la terre

pouvait nous faire à bouffer

et que nous pouvions l'aider

il suffisait de l'aimer

Ils avaient donné

sept millions d'années

pour améliorer

On a appris que les oiseaux

pouvaient s'envoler si haut

qu'il fallait pondre des pensées

pour pouvoir les suivre

On a appris que les poissons

pouvaient respirer sous l'eau

et qu'ils ne buvaient jamais

ça forge l'imagination

On a appris que les bêtes

ma foi c'était pas si bête

et devenaient des amies

défiant les contrariétés

Ils avaient donné

sept millions d'années

pour améliorer

On a appris que les pierres

pouvaient être lapidaires

et que ni flèches ni marteaux

on tuait des congénères

On a appris que les arbres

pouvaient faire des bûchers

qui faisaient fondre le regard

de ceux qui pensent autrement

On a appris que la terre

ça fait des propriétaires

et que pour entrer sans frapper

suffit de frapper

On a appris que les oiseaux

ben ça volait pas si haut

qu'un fusil pouvait les tuer

et un avion les dépasser

On a appris que les poissons

étaient cons comme des ballons

surtout quand c'étaient les hommes

qui jouaient avec

On a appris que les bêtes

elles nous survivraient peut-être

surtout les plus minuscules

qui pénètrent nos matricules

Ils nous ont donné

sept millions d'années

et on a merdé

Le fœtus insensé

Je suis le fœtus insensé

génération spontanée

un premier pour toujours dernier

J'avais l'air chimique

dans ma cellule unique

avec un trop plein cynique

J'ai viré biologique

j'ai avalé la soupe

elle était primordiale

J'ai allumé l'étoupe

Pschitt je suis un rorqual

Les origines A quoi ça rime

Un brin de folie Dans l'urine d'un dieu

Gang-bang solo, Big-bang solaire

Je sais c'est pas très scolaire

Avant d'être has been

un soir d' Halloween

je fus le mérou

qui prit ses jambes au cou

Il fallu porter ma charge viscérale

Être terre à terre c'était pas sidéral

Pour marcher plus proprement

j'ai fait mécanique du mouvement

Pour avoir l'air plus naturel

j'ai fait souffle existentiel

Les origines A quoi ça rime

Un brin de folie Dans l'urine d'un dieu

Gang-bang solo, Big-bang solaire

Je sais c'est pas très scolaire

Mon frère végétal

était ma sœur l'algue

qui sortit de l'eau

déguisée en mousse

Attirée par les étoiles

le soleil ou la lune

elle choisit le cylindre

pour s'envoyer en l'air

et les ramifications

pour la respiration

Les origines A quoi ça rime

Un brin de folie Dans l'urine d'un dieu

Gang-bang solo, Big-bang solaire

Je sais c'est pas très scolaire

J'ai conclu un pacte

une pièce en un acte

avec mon nouveau frère

poumon de ma mère terre

Il m'abritait, me chauffait

et puis me nourrissait

Je le respectais et pas plus ne prenait

qu'il ne pouvait donner

Je faisais attention

à son cycle de reproduction

Les origines A quoi ça rime

Un brin de folie Dans l'urine d'un dieu

Gang-bang solo, Big-bang solaire

Je sais c'est pas très scolaire

Un jour j'appris le nombrilisme

mon ego fit de l'alpinisme

et je rompis le pacte pur

qui me liait à la nature

Ça n'était pas vraiment pénible

de basculer côté nuisible

et puis j'ai vu le boomerang

qui veut retourner le big-bang

il n'y a rien d'irréversible

si la sagesse devient bible

Avant suicide

Esprit lave ton pesticide

Lave ton pesticide

Lave ton pesticide

ou l'âme devient acide

Et le premier sera bien le dernier

Manière du temps

Le temps file en douce

comme ça sur le pouce

Pas de pousse-café

quand on a clamsé

Quand y a pas de mousse

ça me fout la frousse

Je veux bien buller

mais sans m'éventer

Quand tu bulles

tu perds tes bulles

et pour le peps

faut des forceps

Je vis dans la brousse

des cités qui toussent

Je fais pas le gué

ça bouge pas assez

J'aime pas les secousses

des voix qui s' trémoussent

Les politiqués

savent comment mousser

Quand la parole

tombe des paraboles

faut un pare-balles

pour niquer l'obole

Quand dans la cambrousse

y a de la surpousse

ça fait des bébés

qu'ont pas à bouffer

Ils feront le mousse

sur des rafiots gousses

pas le choix crever

ou bien immigrer

On sait pas la raison

qui a fait le raisin

Le vin de la colère

n'a jamais de couleur

Dans les club-house

ça descend des mousses

Les bonnes pensées

faudrait pas pousser

Toutes ces frimousses

qui s' taillent de la brousse

Avec un balai

faut les repousser

Quand ça dit frimousse

et pense racaille

c'est la grande classe

qui s'en bat les couilles

Nonchalance nocturne

Dans la nuit de ma vie

je regarde le jour

c'est l'autre qui surgit

au milieu du nombril

Tiens! Je l'avais pas vu

pourtant il était là

passant de mes jours amers

remontant mon courant

sur pensées délétères

S'il n'était pas ma mère

il devenait mon frère

un pote ou un voisin

ou même un inconnu

au sourire éphémère

Que lui ai-je donné

qu'il ne m'ait pas offert

Pas le temps que j'explore

je regardais mon score

La lune était sereine

et jouait sur les mots

Je caressais ma chair

et baisais de la viande

Les mots c'était séduire

et faire semblant d'aimer

Le paradis c'est simple

ça tient au bout d'un gland

et l'amour c'est du flan

J'ai perdu le cheveu

avant de fondre en muscles

et même pas de cervelle

pour pouvoir me faire la belle

Le royaume des rêves

c'est la vie qu'on a faite

J'avais rempli le vide

à mater mon nombril

Qu'est-ce que je fous ici

Qui c'est cette gonzesse

qui m'aide à faire pipi

Elle a les yeux noisettes

le sourire un peu vif

pour le soupir amer

des désirs moribonds

Je voudrais tant aimer

toute la viande passée

Il est tard et j'ai froid

Dans la nuit de ma vie

je regarde le jour

c'est l'autre qui surgit

au milieu du nombril

Tiens! Je l'avais pas vue

et pourtant elle est là

passante des jours amers

rebranchant mon courant

Pensées alternatives

Déliquescence du vide

Les bâtisseurs du vide

n'ont jamais peur du bide

Ils allument les lumières

jusque dans les cimetières

et poussent tous les sons

à péter les ballons

L'éclairage mondain

noie dans tout son dédain

le regard de la nuit

Ils ont tué minuit

et toutes les peurs d'enfant

les chuchotement du noir

et les bruits du silence

la lumière du dedans

On se bourre le crâne

sans laisser un espace

pour une pensée libre

et on appelle ça vivre

faut toujours que ça vibre

C'est quoi déjà un livre

Quand je n' dors pas j'allume

l'écran et puis les lampes

sinon j’attrape des crampes

au regard du dedans

Les battements de mon cœur

me font penser la mort

alors je pousse le son

pour ne plus les entendre

Les grosses basses grasses

font chavirer une âme

qui n'a pas de miroir

Y a pas de désespoir

quand l'espoir c'est du vide

Je bois mon trip à la paille

sur la poutre de l'horizon

Funambule de vos mémoires

j'ai pas de chute à votre histoire

J'avance toujours j'avance

je n'ai pas de balance

pour peser le temps

et le firmament

fonce sur l'écran

Manière du temps

Les armatures du temps

ont perdu le printemps

Le pétrolier total

brosse son capital

grâce à l'homme fatal

un ringard radical

Je préfère un pouilleux

né sous une autre étoile

L'intelligence froide

rend l'humanité roide

Les esprits chaleureux

sont toujours trop frileux

Ça commence à pencher

je vais perdre mon self

Je joue à chat perché

sur la langue d'un elfe

et m'accroche à l'espoir

d'une sage mémoire

Un langage où se fond

l'esprit et la matière

dépasse la prière

et drague les hauts fonds

Si le poème ultime

peut sauver de l’abîme

un homme abominable

et la neige éternelle

l'éphémère sous le ciel

reprendra du bon temps

Mais le pétrole est sourd

à l'essence du verbe

Les mots se mettent à fondre

et plongent en chute libre

comme des oiseaux ivres

dans une marée noire

Cataracte des sens

où les sentiments brûlent

la parole des flammes

est asphyxie de l'âme

Sur un derrick en transe

honni soit qui trop pense

L'elfe se souvient du temps

où chantaient les sirènes

Ulysse sifflotant

à son mât de misaine

trompait les maléfices

en pesant les délices

avec des stratagèmes

Il voulait dire je t'aime

à celle qui là-bas

tissait pour l'au-delà

L'au-delà aujourd'hui

se présente à la vie

soumise au choix de l'homme

Le hasard d'une pomme

surgissant de la brume

a par trop gravité

et un choix d'amertume

fuit la postérité

Alors faut se booster

Alors faut se booster

Alors faut se booster...