Livre 5 - Bémols brisés
Titre 6 - L'amour et l'infini
La muse morte
Colchique dans le sang la vie naît en automne
A l’aube d’un cœur mort le printemps s’époumone
Tu fus fille poème tu es muse du temps
Héroïne éphémère d'un drame adolescent
Eluard exprimait les soupirs en ton âme
Résonance magique à ma future flamme
Ironie de l’amour gisant dans un regard
Nu et vide est le rêve où je fuyais hagard
Ebahi d’être encore là où tu n’étais pas
Pour remontant les ans vers ta source vitale
Refleurir ton absence et l’oubli de tes pas
Un nuage dessine ton image nuptiale
Violant ma mémoire et ravivant ce vœu
Ouvrir l’encre sanglante et aller dans les cieux
Ton nom inscrire enfin sur la stèle éternelle
Et foudre de la langue dans le verbe vivant
Branche ressuscitée par les sources du vent
Ou feuillage bruissant comme un vol d’hirondelle
Tu parfumes les sons et imprime ta sève
Muse morte étendue sous le soleil du rêve
Comme un dernier rayon brûle l’ultime amour
Arraché au sommeil sans espoir de retour
Tu fus femme lumière tu es brise nocturne
Hespéride pommée dans le verger diurne
Eluard dévorant l’espace du souvenir
Résurgence tragique d'un être en devenir
Il y a du sang qui vibre dans une nue blafarde
Nuage d’espérance en la vie qui se farde
Et promet d’être douce en sa lente tumeur
Pour mener la détresse au-delà du grand âge
Réservoir des désirs et macabre rumeur
Une marmotte danse à la lune volage
Violant le terreau qui caresse tes os
Ouvre l’antre fatal et la mort perd les eaux
Te faisant naître enfin dans la sphère éternelle
Et foudre de la langue dans le verbe vivant
Branche ressuscitée par les sources du vent
Ou feuillage bruissant comme un vol d’hirondelle
Tu parfumes les sons et imprime ta sève
Muse morte étendue sous le soleil du rêve